“Il regarde dans son dedans;
vers la cave de sa poitrine où tant de choses se sont entassées depuis toutes les années de sa vie. Et ça s’est débouché tout d’un coup, ça a coulé, clair, puis épais, puis clair encore, la lie et le vin mélangés, comme si la bonde avait sauté d’un tonneau oublié.”
Jean Giono, Colline, 1929

The Winemaker

Architecte et vigneron, Mathieu Puel incarne des valeurs paysannes en s'engageant dans une démarche respectueuse de la nature, de patience, et de travail manuel. Son parcours témoigne d'un retour à l'essentiel, où la passion du sol et de la vigne rejoint le soin des détails et la sensibilité esthétique héritée de l'architecture.

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Matin de vendanges

Après les premières plantations réalisées au printemps 2017, en présence de notre pépiniériste Gibault et fils, je prends rendez-vous à l’hiver 2018 avec François Chidaine et son épouse Manuela, vignerons à Montlouis-sur-Loire, afin d’évoquer ensemble mon projet viticole.

Sans détour, François me fait comprendre qu’un tel projet véhicule des enjeux qui nécessitent abnégation, patience et humilité. C’est le début d’un compagnonnage entre nos deux familles. Au fil des ans, celles-ci voient leurs racines s’entremêler pour aboutir à l’expression d’un authentique terroir viticole corrézien, prenant sa source sur les coteaux ligériens.

Une histoire d’hommes, une histoire d’ivresse et de transmission, aux confins des regards, à l’écart de la foule d’où le Repaire Mas-Ségur est né.

Le savoir-faire et la force de François nous entrainent dans le long sillon de notre première vigne-jardin. À l’heure d’une viticulture résolument tournée vers l’avenir et l’innovation (matériels, itinéraires culturaux, vinifications…), j’emprunte la voie des anciens. François sait y faire, lui qui est à la pointe de cette viticulture, qui consacre le mariage entre une approche traditionnelle et les techniques les plus abouties, au service d’une histoire et d’un terroir.

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Égrappage des rouges

La houe s’impose comme l’outil le plus adapté à la pratique de cette viticulture paysanne. Autrefois animée par la main de l’homme, puis tractée par l’animal, celle-ci est désormais remplacée par le tracteur, même si l’homme qui le conduit en constitue l’essence même. Par le geste et la parole, mon inspirateur accompagne chacune de mes actions au fil des saisons.

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François Chidaine, transmission au chai

“Pour faire du bon vin, il faut avant toute chose obtenir de beaux raisins” aimait à répéter le père de François. Le fruit du travail de l’homme et de la transmission, héritage des anciens, se conjugue à travers l’union des laboratores et des oratores. La spiritualité des vins prend sa source aux tréfonds de la terre. Nulle élévation sans abaissement. C’est le principe même de l’humilité qui prend racine au cœur de l’humus. Une démarche totale dans laquelle l’ensemble des éléments interfère les uns avec les autres. Une vie d’homme n’y suffit pas, notamment lorsqu’on démarre au mitan de son existence. À ce titre, l’héritage et la transmission des valeurs portées par François sont les ferments qui ont donné corps à cette aventure.

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Effeuillage parcelle “Aurore”